Demon
Manolo CHRETIEN
3 500 € – 9 000 €
Demon, McDonnell F3H-2N, 2008
Photographie originale
Tirage numérique sur aluminium brossé
Signé et numéroté au dos
Edition de 3 (+2 épreuves d’artiste) par format
Avez Demon, McDonnell F3H-2N, Manolo CHRÉTIEN nous montre l’avant d’un avion pris de face. Il fait partie de la série Nose réalisée entre 2008 et 2012. Le cockpit est visible tandis que les ailes ont été détourées. L’ensemble est placé sur un fond blanc. Manolo CHRÉTIEN représente l’avant de l’avion de façon frontale, de sorte que nous ayons l’impression de voir un visage. Le photographe utilise ici la paréidolie, illusion d’optique consistant à associer une image abstraite à un élément clair et identifiable. Le plus souvent, le cerveau y voit une forme humaine ou animale. La paréidolie exprime la tendance du cerveau à créer du sens. Cette préférence découle de notre capacité à détecter une présence, qui favorise la survie mais pas nécessairement la précision. Ici, l’avant de l’avion devient donc un nez et le cockpit des yeux. Le titre de la série “nose” faisant référence au visage accentue cette anthropomorphie. Manolo CHRÉTIEN accorde une grande importance à la vitesse, aux matières et à leur résistance physique. L’artiste nomme les machines “anémomorphoses solides”. Ce terme qualifie à l’origine la modification de la forme des plantes et des paysages végétaux sous l’effet des vents dominants. Ce phénomène est surtout remarquable sur le littoral et en montagne. Manolo CHRÉTIEN applique donc cette manifestation aux avions et plus particulièrement au métal en la qualifiant de “solide”. Ici, le métal est courbé et déformé, à l’instar des plantes sous l’influence du vent. Le photographe joue ainsi avec les reflets de la matière pour accentuer cette impression de déformation et de vitesse.
Murray BECKER, LZ 129 Hindenburg On Fire, 1937.
Si Manolo CHRÉTIEN s’intéresse à l’esthétique des avions, Murray BECKER s’est passionné pour les zeppelins. Le LZ 129 Hindenburg, construit par la firme allemande Zeppelin, est le plus grand dirigeable commercial jamais réalisé et affecté sur une ligne régulière Europe-États-Unis. On remarque la même mise en avant du nez du zeppelin, accentuant le gigantisme de l’appareil. Le vol inaugural du LZ 129 Hindenburg a lieu le 4 mars 1936 à Friedrichshafen en Allemagne. Après 14 mois de service actif, il est détruit par un incendie, le 6 mai 1937, lors de son atterrissage à Lakehurst dans le New Jersey. La population allemande fait montre d’un réel engouement pour les dirigeables. Le jour de l’accident, l’atterrissage est retardé par un orage. Un incident éclate alors à la poupe du dirigeable, rapidement alimenté par le dihydrogène. L’aéronef perd son stabilisateur horizontal et s’écrase au sol. L’accident fait 35 morts. L’accident a la particularité d’avoir été filmé par plusieurs compagnies d’actualités cinématographiques. Les images de la catastrophe seront vues dans le monde entier, et reproduites dans toute la presse, ce qui ruinera la réputation de l’appareil. Pour la première fois, un accident majeur est couvert en temps réel, par un médium audiovisuel. Le groupe de rock Led Zeppelin a choisi son nom en hommage à la catastrophe et a même affiché notamment sur la pochette de son premier disque la photo du Hindenburg en flammes. Manolo CHRÉTIEN et Murray BECKER ont ceci de commun leur intérêt pour les appareils aéronautiques. L’un les présentant à l’arrêt et mis en scène, l’autre capturant leur image sur le vif.
Walker EVANS, Masque Bwa du Burkina Faso, 1935.
Les visages d’avions de Manolo CHRÉTIEN peuvent être mis en rapport avec les photographies de masques africains de Walker EVANS. Les deux artistes se font photographes de catalogues, l’un en représentant des nez d’avions, l’autre en réalisant des photographies de masques africains. Le fait que Manolo Chrétien utilise la paréidolie avec ses avions, qu’il les détoure et les place sur un fond neutre et blanc, se rapproche de la pratique de Walker EVANS. En effet, l’américain place également ses masques sur des fonds neutres et les isole de leur contexte afin de ne montrer au spectateur que l’objet. Les deux images sont des masques, l’un les photographie en état, l’autre manipule l’image pour révéler le visage.